Pour le rayonnement de la littérature tchèque

Le Prix du Livre tchèque

Les livres nommés

Michal Ajvaz : Jardin du Luxembourg Le roman de Michal Ajvaz (né en 1949), Jardin du Luxembourg (Brno, éd. Druhé město, 2011) représente un tournant important dans son œuvre. Depuis quelques années, Ajvaz s’est imposé comme auteurs de romans à la structure étendue et complexe. Bien que son nouveau roman conserve nombre de thématiques typiquement ajvaziennes, il est plus fluide et condensé. Jardins du Luxembourg est bâti sur un récit captivant, riche en actions, livré avec recul et virtuosité tout en étant fortement ancré dans un contexte intertextuel et culturel. Avec cette œuvre, Ajvaz se réclame explicitement de la culture populaire moderne qui allie la «grande» littérature, la haute culture, à des procédés utilisés dans la littérature et la culture de masse. Par ce roman, Ajvaz a créé de toute évidence une sorte d’hommage intellectuel à la culture populaire. Petr A. Bílek, membre du jury du Prix du Livre tchèque, section académiciens

Bianca Bellová : L’homme mort Bianca Bellová est une révélation exceptionnelle de la prose contemporaine tchèque. Son premier roman, Roman sentimental avait déjà été remarqué. Son nouveau livre, L’homme mort, est une véritable œuvre de maturité. Ce court roman offre au lecteur un récit livré sous une forme originale de dialogue mené par la protagoniste. Cette dernière passe sa vie en revue, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte dans lequel elle se trouve. Le lecteur découvre progressivement qu’il s’agit en réalité d’un long discours adressé à quelqu’un de physiquement présent, mais qui semble incapable de répondre même lorsqu’il est interpelé, de participer au dialogue. Cet autre personnage n’est identifié qu’à la fin du livre. Cette révélation surprenante fait entrer, en quelque sorte, le principe du polar dans le livre. Miroslav Zelinský, membre du jury du Prix du Livre tchèque, section académiciens

Radka Denemarková : Kobold Le roman très fourni de Radka Denemarková (née en 1968), Kobold (Brno, Host, 2011) est une expérimentation narrative assez originale. Le livre met en lien un récit romanesque Excédents de tendresse (L’eau) et un court roman Excédents d’humanité (Le feu). Chacune de ces proses commence d’un côté du livre et l’auteur laisse au lecteur le soin de décider des liens d’interprétation et de lecture entre les deux textes ainsi que de l’ordre de lecture. Il s’agit d’un projet d’«œuvre ouverte», de partition, qui attire le lecteur dans un jeu interprétatif à l’issue duquel la décision lui reviendra. Les deux récits sont, à l’instar des éléments naturels figurant dans leurs sous-titres, à la fois opposés et complémentaires. Le récit romanesque Excédents de tendresse s’étend sur une bonne partie des bouleversements historiques du XXe siècle, mais aussi dans différents espaces qui fonctionnent aussi bien littéralement que symboliquement. Le bref roman Excédents d’humanité est, au contraire, concentrée en un seul espace-temps. Seul le récit romanesque livré en parallèle lui donne un ancrage dans un contexte plus vaste. Les deux textes sont des récits peu joyeux traitant de la cruauté humaine, d e l’incompréhension et des conséquences fatales des erreurs. Petr A. Bílek, membre du jury du Prix du Livre tchèque, section académiciens

Sylva Fischerová : Le Passage Le Passage, recueil de nouvelles de la poétesse, prosatrice et philosophe Sylva Fischerová (1963) reflète des situations courantes qui n’ont rien de dramatique, mais n’en reflètent pas moins le monde, les destinées et les lots de l’humanité d’une manière particulière. L’auteur évoque des événements, des faits et des phrases qui n’ont, en apparence, rien de remarquable et qui, pourtant, sont fondamentaux en cela qu’ils signifiaient ou portaient en eux, à cet instant, quelque chose d’essentiel. Des épisodes issus de la grisaille de l’enfance ou du présent civil, de l’actuel, éclairent d’éternelles questions métaphysiques : qu’est-ce que l’humain ? Qu’est-ce que le bien et le mal, le péché, le sens de la vie ? Cette réflexion se déploie sur un plan purement personnel et existentiel, sur la recherche d’une voie dans le chaos de l’être et la question la plus grave : qui suis-je et qui ne suis-je pas ? Fischerová décrit la réalité quotidienne, ce qu’il s’y passe, en la confrontant avec le miracle : elle trouve dans l’océan de la banalité des traces d’authenticité et de mystères qui transcendent des moments enfouis dans l’éternité. Jiří Zizler, membre du jury du prix du Livre tchèque, section académiciens

Josef Moník : Schweik it easy Le roman Schweik it easy est la troisième prose publiée de Josef Moník (né en 1952 à Karlovy Vary - Carlsbad). Il fut précédé du recueil de nouvelles Fais pas chier, grands dieux ! (2004) et du roman Chien sans pedigree (2008). Cette nouvelle prose attire l’attention dès son titre. La référence au classique de la littérature tchèque est évidente, mais sa forme anglaise élargit son sens. Il s’agit avant tout, de l’aveu même de l’auteur, d’une reprise du titre similaire de Konstantin Wecker, dont la première a eu lieu à Berlin en 2001. Ce titre évoque aussi le hit de Jackson Browne et Glenn Frey Take it easy (la première version date de 1971), rendu célèbre par le groupe Eagles. L’expression anglaise «Take it easy», fréquemment utilisée, fait écho au célèbre «Ne nous fâchons pas» de Chvéïk qui apparaît explicitement, dans la dernière partie du roman, comme une rengaine des brasseries tchèques de l’époque. La proximité phonétique entre Chvéïk et «take» enrichit encore ce jeu de possibles interprétations. La narration de Josef Moník se caractérise par des superpositions, perméabilités et condensations de sens, une accumulation de références cryptées ou manifestes, un mélange d’imaginaire, de sarcasme, de lyrisme, d’ironie, la musicalité et la vulgarité de sa langue, tant dans les descriptions que dans les dialogues. Hedvika Vydrová, membre du jury du Prix du Livre tchèque, section traducteurs

Viktor Šlajchrt : Banqueroute Le livre de Šlajchrt s’appuie organiquement sur le grand collage textuel Matières premières et friandises, paru en 2000. Tout comme ce dernier, il est construit en partie sur la base des notes que l’auteur a rendues publiques sous le titre Literae (entre 1999 et 2001) comme supplément au périodique en ligne Neviditelný pes (Le chien invisible), d’autre part sur la base d’aphorismes, de phrases, d’observations humoristiques datant de 2010. Ce sont près de cent vingt pages de réflexions, fragments de souvenirs, esquisses de recensions, chroniques de discussion de brasserie, adages, partagés en deux parties intitulées Pile et face et Description d’un combat, presque toujours couronnés d’une chute drôle, pleine d’esprit. Malgré leur apparence fragmentaire, ces brèves forment un ensemble remarquablement monolithique rappelant, par sa portée, un roman autobiographiques ou un compte-rendu particulier de l’état actuel, peu flatteur, de la société tchèque et du monde en général. Šlajchrt parle dans l’esprit de cette partie des sexagénaires actuels qui, après la violente répression des réformes du Printemps de Prague, ne s’est pas mis à «tendre la main vers les puissants pour mendier une carrière» et pour qui, dixit l’auteur, tout succès apparaissait comme immoral. Cependant, l’auteur ne politise pas, ne se plaint pas, ne geint pas, garde une distance fière et observe le teatrum mundi du point de vue d’un homme prêt à payer sa liberté individuelle par une pauvreté volontaire. Jiří Našinec, membre du jury du Prix du Livre tchèque, section traducteurs

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